Devenir mécanicienne sur un bateau de pêche passée la cinquantaine, vous pensez que c’est impossible ? Ce n’est pas l’avis d’Anne qui après 25 ans dans le secteur automobile a choisi ce métier physique et technique, indispensable au bon fonctionnement d’un navire. Une aventure tournée vers un emploi maritime dont elle témoigne avec fierté.
Anne : Une mécanicienne à la pêche est une mécanicienne embarquée sur un navire de pêche. Elle assure l’entretien de premier niveau du moteur, des matériels dédiés aux manœuvres de pêche ainsi que toutes les machines auxiliaires (froid, eau douce...). Elle doit être aussi capable d’effectuer des réparations d’urgence pour que le navire poursuive ses opérations de pêche ou rentre au port en cas d’avarie.
Ses missions varient en fonction de la taille du navire. Sur les bateaux de pêche artisanale armés à la pêche côtière ou à la pêche au large, la mécanicienne participe aux opérations de pêche, au travail du poisson et au « quart de passerelle », la relève du capitaine pour qu’il se repose. Suivant les régions (Manche, Atlantique…), elle est aussi en charge de la cuisine à bord.
Les conditions :
- Ne pas avoir de casier judiciaire ;
- Obtenir l’aptitude médicale auprès du médecin des gens de mer ;
- Avoir validé sa formation professionnelle maritime.
S’il est également le second du capitaine, il devra être ressortissant de l’Union Européenne.
Anne : Dans le métier, nous ne parlons pas de journée type car ce sont les marées et le type de pêche qui déterminent notre rythme. En pêche côtière, on part 4 jours maximum, avant de revenir débarquer le poisson à la criée. Pour la pêche au large, ce sera maximum 21 jours de travail suivi d’une semaine de repos.
Sur un chalutier, le « trait de chalut », c’est-à-dire la durée pendant laquelle le chalut est tracté, rythme notre cycle de travail et de sommeil. Nous dormons par tranche de 2h maximum toutes les 4h. Il nous arrive même de ne pas dormir pendant les traits de chalut de jour pour effectuer des réparations sur le navire ou les filets.
Dans la journée, je m’occupe de tout l’aspect mécanique du bateau. Je participe principalement aux opérations de manutention des chaluts, de tri, étripage, lavage et mise en caisse du poisson. Avec l’équipage, on assure à tour de rôle la cuisine et le « quart passerelle » qui peut avoir lieu en route ou en pêche.
- Maintenance et entretien :
Au port : plein de carburant, vidange et changement des filtres...
En mer : équilibrage des soutes à gazole, complément d’huile et graissage des engins et machines, résolution de pannes...
- Participation à la pêche : manœuvres de treuil, tri, vidage et lavage du poisson
- Préparation des repas à tour de rôle
- Relai du capitaine aux commandes du bateau la nuit, à tour de rôle.
Anne : C’est une longue histoire ! Après des études de gestion et de management, j’ai travaillé dans l’industrie automobile à différents postes commerciaux, de contrôle qualité, d’informatique, de logistique... En 25 ans, je suis passée des garages à l’usine, et c’est d’ailleurs l’usine qui me plaisait le plus : la production concrète.
Après un licenciement économique, j’ai décidé de me reconvertir vers métier en lien avec ma passion pour la mer. C’est ainsi que je me suis installée à Brest pour intégrer un mastère spécialisé en ingénierie marine à l’ENSTA. Mon diplôme en poche, j’ai décroché grâce au Salon Pro&Mer mon premier contrat pour travailler sur le chantier du sous-marin « Le Téméraire ». J’encadrais alors 4 usineurs et 4 soudeurs. Le chantier s’achevant, j’ai réalisé que j’avais envie d’encore plus de technique, plus de challenge et moins de management. Grâce à un accompagnement aux métiers de la mer proposée par l’association la Touline, j’ai découvert les métiers de marin à la pêche. En janvier 2020, j’ai eu la chance de me tester lors d’une « marée découverte » de 8 jours sur un chalutier comme matelote. Mon projet de reconversion était confirmé ! Le métier de mécanicien à la pêche est fascinant, complètement hors norme.
On est libre et dans la nature confrontée aux éléments. C’est un défi permanent où l’on puise dans ses ressources. J’aime le côté physique et nomade, en plus de l’aspect technique et polyvalent du poste de mécanicien embarqué. On est au cœur de la vie du navire et de l’équipage. C’est une véritable aventure.
« Le métier de mécanicien à la pêche est fascinant, complètement hors norme.
Anne, Mécanicienne à la pêche
Anne : Après mon stage sur le chalutier, j’ai intégré le Lycée maritime de Paimpol pour suivre la formation de « mécanicien 250 kW », c’est-à-dire mécanicienne sur des navires d’une puissance propulsive inférieure à 250 kW. J’ai effectué ensuite différents stages sur des bateaux à passagers et des bateaux de pêche : coquille St Jacques, avant de suivre la formation de mécanicien 750kW à l’École des Pêches des Sables d’Olonne. Pour transformer mon diplôme en brevet, je suis en train d’accomplir mes 18 mois de navigation, c’est-à-dire 6 mois à la machine et 12 mois au pont.
Le métier de mécanicien maritime est accessible en formation continue dans des lycées professionnels maritimes. Cela peut être une formation de mécanicien 250kW, mécanicien 750kW en fonction de la puissance propulsive du navire visé.
Anne : Comme tout marin, la première qualité d’une mécanicienne à la pêche est sa résistance physique. Elle doit être endurante et extrêmement adaptable pour faire face à tout type de situation et en particulier la privation de sommeil et l’éloignement de ses proches. Il faut également qu’elle aime vivre et travailler en équipe et avoir un vrai goût pour l’aventure tout en veillant en permanence à sa sécurité et celle des autres.
Enfin, je dirais qu’une mécanicienne de la pêche doit être une personne courageuse, rigoureuse et débrouillarde pour pouvoir toujours composer avec les moyens du bord. Et bien sûr, ne pas avoir le mal de mer !
- Résistance et endurance physique
- Adaptabilité
- Goût du travail en équipe
- Autonomie
- Courage
- Rigueur
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