Engagement au travail : où poser les limites ?

« Le travail, c’est la santé » dit le proverbe. Nombreux sont en effet celles et ceux qui s’épanouissent dans un métier où ils trouvent du sens et de la motivation. Mais à quel moment bascule-t-on de l’engagement vers le surengagement professionnel ? Comment en arrive-t-on à confondre sa vie avec son travail au point de risquer le « burn-out » ? Surtout, quels sont les signes qui doivent alerter, et quelles sont les limites à poser pour éviter d’en arriver là ? Faisons le point. 

L’engagement au travail, signe de motivation et d’épanouissement 

On peut présenter l’engagement professionnel comme un mélange de motivation pour son travail et d’attachement à son entreprise. Cet engagement se caractérise par un état d’esprit positif et épanouissant, et se traduit par un investissement fort dans son travail. 

Le psychologue des organisations Wilmar Schaufeli définit cette notion selon 3 dimensions que sont la vigueur, haut niveau d’énergie et de résistance mentale favorable aux efforts malgré les difficultés, le dévouement, forte implication qui crée un sentiment d’enthousiasme, d’inspiration ou de fierté, et enfin l’absorption, c’est-à-dire un état de pleine concentration dans lequel on est captivé et le temps passe vite. 

La plupart du temps, l’engagement génère des résultats positifs à la fois pour le salarié et pour l’entreprise en termes de satisfaction au travail, de qualité de service, de performance de la structure, de santé individuelle… C’est bien pour cela que de nombreuses entreprises mesurent l’engagement de leurs équipes avec des enquêtes et des baromètres annuels. 

Au niveau individuel, être engagé dans son travail, c’est souvent avoir le sentiment de se réaliser, d’être aligné avec ses valeurs. Bref, de faire ce que l’on aime et ce dans quoi on se sent utile… Par opposition au fait de subir ses journées, d’être démotivé, de ne pas trouver de sens et de faire du présentéisme (voire de l’absentéisme). 

La pente glissante du surengagement  et ses conséquences 

Il y a pourtant des limites à l’engagement professionnel : lorsque sa vie entière semble se résumer à son travail et que celui-ci en devient l’unique but, cela n’est pas sain. On peut alors parler de surengagement  et d’un rapport excessif au travail, au détriment de sa vie privée. 

C’est d’abord dommageable pour vous. Si vous vous construisez uniquement dans votre rapport au travail, vous devenez vulnérable si cette relation, dans laquelle vous avez tout investi, se brise. Le surengagement peut vous conduire à vous couper de votre vie personnelle, à négliger vos proches, vos loisirs… Il peut aussi avoir des répercussions importantes sur votre santé mentale et physique, voire sur celle de votre entourage. 

Mais c’est également mauvais pour votre entreprise elle-même. Si les résultats générés par votre surengagement peuvent dans un premier temps s’avérer bons, voire excellents, ils ne sont en réalité pas tenables sur le long terme. À mesure que s’installe le surengagement, vous allez vous user et devenir de moins en moins performant, passant même sous la performance attendue. À terme, un salarié qui va mal risque le burn-out et met l’entreprise elle-même en difficulté : faute professionnelle, accident, absentéisme, turn-over… Personne n’aspire à cela. 

Pourquoi en arrive-t-on à se surinvestir professionnellement ? 

Le surengagement peut avoir des causes personnelles sur lesquelles il est sain de vous interroger. On se surinvestit par exemple par conformisme, avec la peur de ne pas faire aussi bien que les autres, pour se prouver quelque chose à soi-même, pour attirer l’attention des autres, en espérant de la reconnaissance, pour fuir une vie personnelle peu épanouissante, ou encore par perfectionnisme, car on ne supporte pas le moindre défaut. 

Des facteurs organisationnels favorisent le surengagement, comme un sentiment d’identification très fort vis-à-vis de la mission que porte l’entreprise et de ses valeurs, qui se confondent avec sa vie personnelle. Ce peut aussi être le fruit d’une culture et de managers qui jouent sur la dimension affective et sur le registre émotionnel, créant un fort sentiment d’appartenance à l’équipe ou à l’entreprise. Ou encore le résultat du prestige que l’on peut ressentir lorsque l’on travaille pour une entreprise réputée, ou pour de grands groupes internationaux, parfois vus comme un eldorado. Ou la conséquence de conditions de travail qui favorisent l’hyperconnectivité et qui valorisent le fait de ne « jamais décrocher », qu’il s’agisse de s’adapter à différents fuseaux horaires ou de se montrer flexible. 

On sait ainsi que les métiers à forte dimension émotionnelle sont les premiers à être en « surrégime », par exemple les « métiers passion », les professionnels du secteur social ou de la santé, ou encore les chefs d’entreprise… 

Reconnaître les signaux d’alerte pour éviter le burn-out  

Il est de la responsabilité de chacun de maîtriser son niveau d’engagement et celui de ses collaborateurs, et de placer des garde-fous pour éviter l’épuisement professionnel, le tristement célèbre burn-out. 

Soyez pour cela attentif aux manifestations physiques, souvent psychosomatiques, qui sont autant de signes d’un épuisement au travail. Fatigue, épuisement, troubles du sommeil, douleurs (dos, ventre, tensions musculaires…) et pertes d’appétit doivent vous alerter. 

On retrouve aussi des signes psychologiques clairs, qui peuvent être diagnostiqués, y compris par votre entourage : tristesse, anxiété généralisée, hypersensibilité, irritabilité, perte d’estime de soi… N’hésitez pas à consulter notre article dédié « Coup de blues ou burn-out, où en êtes-vous ? » pour un premier diagnostic. 

Quelques conseils pour un rapport équilibré au travail 

Il faut d’abord poser des limites claires. Fixez-vous des horaires de travail bien définis, ménagez-vous des pauses tout au long de la journée, préservez votre vie personnelle et vos loisirs, et ne négligez pas votre sommeil ! 

Pour mieux gérer votre travail, priorisez, afin de distinguer l’essentiel de l’accessoire et de ne pas vous enfermer dans des tâches énergivores, mais peu importantes. Pensez également à travailler en équipe et à déléguer, afin de vous dégager du temps et de l’espace mental. Enfin, le cas échéant, refusez certaines tâches ou missions supplémentaires – vous n’êtes pas responsable de tout, vous n’avez pas vocation à être le sauveur de votre entreprise. 

D’une façon générale, il convient de prendre du recul par rapport à votre activité. Que recherchez-vous dans votre travail ? Qu’est-ce qui vous motive ? Que pensent vos proches de votre investissement professionnel ? Quelles sont vraiment vos priorités dans la vie ? Autant de points à investiguer.  

N’hésitez pas pour cela à vous faire accompagner par des professionnels tels que nos conseillers en évolution professionnelle, qui peuvent vous aider à analyser votre situation de travail, les facteurs de satisfaction et d’insatisfaction, les leviers pour évoluer vers un environnement où vous vous sentirez mieux. Enfin, si vous ressentez un vrai mal-être psychologique, consultez sans attendre un professionnel de santé : il saura vous aider et trouver des solutions. 

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