A 31 ans, Marine Davaine est ébéniste. Entre planches et rabots, elle travaille le bois dans son atelier parisien, pour créer du mobilier sur mesure ou des petits objets insolites. Un métier d’art créatif et exigeant qu’elle vit comme une véritable passion. Nous la rencontrons pour découvrir son métier atypique.
Marine Davaine : L’ébéniste est un artisan spécialisé dans le travail du bois. Il conçoit, répare ou restaure des meubles et agencements d’intérieur en bois sur mesure. Il peut aussi créer des petits objets fonctionnels ou décoratifs (luminaires, animaux à bascule, jeux d’échecs...) comme dans mon cas. En résumé, l’ébéniste fabrique tout ce que l’industrie standardisée ne peut pas proposer : un objet unique, depuis le dessin jusqu’au choix du bois.
Ce qui le distingue traditionnellement du menuisier est le travail du placage du bois, (l’application décorative de très fines feuilles de bois), ce qui peut expliquer l’image que l’on a parfois de l’ébéniste restaurant du mobilier Louis XV dans son atelier poussiéreux ! En pratique, le menuisier est plus un professionnel du bâtiment qui fabrique des portes, des fenêtres, des escaliers... Mais il n’est pas impossible de rencontrer des ébénistes menuisiers et inversement !
M.D. : Dans mon cas, je parlerais plus de semaine type que de journée type ! Lundi et mardi, je suis dans mon propre atelier, L’Atelier Vieille Branche puis de mercredi à vendredi, je travaille pour mon ancien maître d’apprentissage, Dabi Design, principalement sur de l’agencement et de la création de luminaires. Et le samedi, j’anime des ateliers de fabrication de petits objets en bois. Je ne compte pas mes heures !
« L’ébénisterie est une vraie passion, je n’ai pas l’impression de travailler même s’il demande beaucoup de temps et d’énergie.
Marine Davaine, Ébéniste
Le travail de l’ébéniste est rythmé par les différentes étapes de la création d’un objet, qui demande chacune des compétences différentes. Il faut être un véritable couteau suisse ! Il y a d’abord l’analyse du besoin du client et les propositions créatives (dessinées sur papier ou en 3D). Vient ensuite la phase d’échange et d’élaboration du devis. Il faut, ensuite, calculer et commander la matière première nécessaire. Quand c’est de l’agencement, je passe souvent par la 3D qui va m’aider à établir des cotes précises pour optimiser ma commande. Vient ensuite la préparation des matériaux (coupe, ponçage, vernissage, teinte, assemblage...). Et enfin la construction du meuble sur place. Sans oublier les photos, une fois le chantier terminé. Être artisan, c’est aussi être son propre communicant.
- Analyse de la demande
- Propositions créatives
- Négociations et devis
- Réalisation des plans (dessin ou 3D)
- Commande et préparation des matériaux (découpe, ponçage, vernissage...)
- Assemblage sur place
- Finitions
M.D. : Le bois a toujours été ma matière préférée. Elle est vivante, chaleureuse, presque charnelle ! Elle offre une grande liberté et laisse la place aux imperfections. Durant mes études de design, j’ai touché à beaucoup de matériaux, sans réelle spécialisation. En plus de « maîtriser » le bois, j’avais envie de fabriquer des choses, et pas uniquement de les concevoir comme la majorité des designers qui sous-traitent la fabrication. Et puis l’artisanat correspond à ma personnalité : être dans le concret, gérer un projet de A à Z, et apprendre en permanence. C’est extrêmement gratifiant de voir que sa technique s’améliore de jour en jour.
Après mon BAC Scientifique, je suis entrée à l'école de Design de Reims (l'ESAD) où je suis tombée amoureuse du bois, passion qui s’est confirmée lors d’une visite des ateliers de restauration du Louvre. J’ai décidé alors de compléter mon Diplôme national d'arts plastiques (DNAP) par une formation d’ébéniste en apprentissage au Centre de Formation d’Apprentis de l’Ameublement de Paris, La Bonne Graine, suivie d’une spécialisation en dessin d'ameublement. J’exerce depuis 6 ans avec toujours autant de plaisir, je touche du bois pour que ça dure !
En ce moment, je constate que la formation d’ébéniste attire beaucoup des personnes en reconversion professionnelle. Je sais qu’il existe d’ailleurs des cours du soir pour les gens qui ne peuvent pas quitter leur travail, ou encore des formations courtes aux métiers du bois. Dans mon entourage, les personnes qui ont voulu tout quitter pour se consacrer à 100% à leur passion, comme la céramique ou le bois, ont souvent douté de la fiabilité de leur projet. Pourtant, si ce dernier est construit et réfléchi autour d’un business model viable, tout le monde peut arriver à vivre de sa passion !
- Un CAP Ébéniste
- Un CAP Arts du bois option marqueteur
- Un CAP Dessinateur Industriel d’ameublement
Le CAP peut être complété par un Brevet des Métiers d’Art (BMA) ou un Brevet Technique des Métiers (BTM) puis un autre diplôme de niveau BAC+2 ou BAC+3 du type DN MADE (Diplôme national des métiers d'art et du design).
Être passionné est pour moi la première qualité utile à un ébéniste, comme pour tout artisan d’ailleurs. C’est un travail très prenant mentalement et physiquement. Avant la découpe, le bois arrive en panneaux de 3 mètres par 2 mètres que je dois être capable de porter. Les chantiers d’agencement se font parfois accroupi dans des espaces exigus. Il faut avoir une bonne dose de patience et de persévérance pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés. Le métier requiert aussi curiosité et créativité ainsi qu’une grande rigueur dans l’exécution. Enfin, l’ouverture d’esprit et l’aisance relationnelle sont de vrais atouts pour échanger et confronter ses idées avec ses clients.
- Passion
- Bonne condition physique
- Patience
- Curiosité & Créativité
- Exigence
- Ouverture d’esprit
- Aisance relationnelle
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