Devenir son propre patron, tout le monde y a songé un jour. Un chemin long qui demande de la pugnacité mais surtout de la passion. Et parce que chaque parcours est différent et inspirant, nous vous partageons aujourd’hui, l’aventure d’Héloïse de Bokay, intrapreneuse et fondatrice de "La Ressourcerie du BTP" pour qui tout a débuté au sein du groupe Vinci. Elle nous dit sur sa création d'entreprise !
Lorsque l’on demande à Héloïse de Bokay ce qu’est une technicienne valoriste des ressources du bâtiment, elle sourit gentiment : « il y a de nombreuses façons de qualifier mon métier mais celle-ci, je ne la connaissais pas ». Et pour cause, Héloïse a monté sa propre entreprise, elle a créé sa chance. Il n’y a pas d’appellation officielle pour son métier : le réemploi de matériaux de chantier. Avec son équipe, elle « déshabille » les bâtiments avant démolition ou réhabilitation de tout ce qui est de l’ordre du second œuvre (radiateurs, luminaires, cloisons vitrées, mobilier, cloison, plafond…), tout ce qui ne fait pas partie de la structure du lieu et pourrait potentiellement avoir une seconde vie. Les matériaux récupérés vont être stockés, parfois réhabilités pour être revendus à des particuliers ou à de grosses entreprises du BTP.
Bien que cette démarche dans le second œuvre n’en soit encore qu’à ses balbutiements, l’économie circulaire devient progressivement un enjeu de premier plan permettant de faire baisser le bilan carbone des nouvelles constructions.
Diplômée en droit de l’environnement et en philosophie, Héloïse rejoint un grand groupe pour en comprendre les fonctionnements de l’intérieur. « On ne peut pas faire changer les mentalités si on ne les comprend pas ». Embauchée comme Responsable qualité environnement sur les chantiers Vinci, elle constate sur le terrain que de nombreux matériaux encore viables sont jetés. En cherchant une solution autour d’elle, elle réalise que de nombreuses personnes ont dressé le même constat, ont tenté d’agir mais qu’aucun référent à plein sur le sujet existait. C’est ainsi qu’à la fin de son contrat, Vinci lui a proposé de rester pour y réfléchir et développer une offre correspondante au sein de leur incubateur de start-up, Léonard : Paris.
« J’ai eu 2 mois pour réaliser des entretiens clients et réfléchir au problème. Ensuite j’ai dû trouver un sponsor au sein du groupe prêt à financer son expérimentation et sa mise en place.
Après neuf mois de tests et de mise en route, nous avons lancé en novembre dernier, une offre plus industrielle », nous raconte Héloïse de Bokay.
« Sans cette opportunité d’intraprenariat, je me serais sans doute dirigée vers l’éducation
Heloïse de Bokay, Fondatrice de La Ressourcerie du BTP
« Sans cette opportunité d’intraprenariat, je me serais sans doute dirigée vers l’éducation. C’était le bon moment : les planètes étaient alignées et les sujets environnementaux commençaient à être entendus. Je venais d’être diplômée et l’opportunité qu’on m’a présentée était énorme. Biensur, la position d’intrapreneuse au sein d’un grand groupe est particulière mais les métiers autour de l’économie circulaire du bâtiment ne sont pas si rares. Ils ont juste besoin d’être développé et organisé ».
Pour autant, l’intraprenariat peut être déstabilisant au début. C’est une zone particulière à mi-chemin entre startup et grand groupe. Les uns considèrent l’intrapreneur comme faisant partie des autres et inversement. Une position aussi délicate qu’intéressante. « On est la boite dans la boite ». Néanmoins, choisir ce modèle offre de nombreux avantages : plus de moyens, d’opportunités, de contacts et d’ouverture.
Enfin, sur des secteurs porteurs de sens comme l’environnement, il y a un grand travail de sensibilisation à entreprendre pour faire changer les mentalités et passer à l’action. Le faire de l'intérieur ouvre plus facilement la voix de la communication et met en relation plus facilement le messager et sa cible
Pour Héloïse, c’est donc la problématique qui a créé l’opportunité mais c’est aussi la force de ses convictions qui l’a portée. « Il faut se lancer dans un milieu qui nous parle. Ce n’est pas toujours évident mais quand on porte des sujets encore peu connus avec conviction, cela peut aller vite. Loin du droit et de l’éducation et n’étant pas passée par une filière officielle puisqu’il n’en existe pas vraiment, Héloïse a suivi ses valeurs profondes.
Des convictions qui s’inscrivent dans une logique plus profonde. Elle nous explique : « Je trouve qu’il y a un lien à faire entre le métier de reconditionnement de produits et la démarche d’insertion professionnelle de personnes éloignées de l’emploi. Je suis garante de qualité. Mon rôle est d’agréger les solutions et de garantir la valeur. La majorité des gens pense à tort qu’un produit reconditionné ne sera pas de bonne qualité comme une personne en insertion ne sera pas un bon élément. Ce sont des idées reçues que je veux combattre. J’ai envie de faire bouger les mentalités de manière générale. C’est l’une des raisons qui explique que je travaille avec une entreprise d’insertion sur certains maillons de la filière de réemploi. L’autre étant la pérennité de l’emploi et d’un mode de pensée. Je leur apprends un métier d’avenir avec l’ambition de pouvoir bientôt les faire travailler ».
Il semble donc évident, au regard du parcours d’Héloïse de Bokay que le plus important est de savoir suivre une opportunité voire de la créer… Mais pas n’importe comment. Seul ou au sein d’un incubateur, il faut étudier le terrain, suivre des convictions profondes et savoir s’entourer. Une démarche qui peut faire peur mais rassurez-vous, Mon CEP est là pour vous guider et vous accompagner à chaque étape de l’aventure.
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